Attention aux Minéraux
DE QUELS SUPPLÉMENTS DE MINÉRAUX AI-JE BESOIN ET À QUEL MOMENT ?
Les producteurs de bœufs pourraient savoir qu’ils ont besoin d’offrir des suppléments de minéraux à leurs troupeaux, mais essayer de décortiquer tous les choix s’offrant à eux peut être difficile. Les fournisseurs commerciaux semblent faire des déclarations et offrir un produit différent, mais avec des contenants et des sacs de toutes les couleurs et à tous les prix sur le marché, comment savoir quel produit est idéal pour votre troupeau ? De quels minéraux vos bovins ont-ils réellement besoin et quel est le meilleur moyen pour les offrir ?
Megan Van Schaik, une spécialiste des bovins de boucherie auprès du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario (MAAARO), dit qu’il y a certains éléments clés que les producteurs doivent prendre en compte. En général, ils devraient offrir des suppléments de minéraux à leurs troupeaux, qu’ils soient nourris de pâturage ou d’une ration d’hiver.
Van Schaik dit qu’il existe de nombreuses variables qui ont un impact sur la nutrition minérale et les carences dans les troupeaux de bœufs. « Ces variables se présentent sous diverses formes et une attention particulière doit être portée lorsque nous observons des problèmes reproductifs » dit-elle. Elle ajoute toutefois que le statut des niveaux de minéraux peut être lié à des problèmes de santé généraux et même des anormalités chez les veaux. Les carences en minéraux peuvent également entraîner des pertes de production moins évidentes qui peuvent être facilement évitées avec une supplémentation adéquate.
Un nouveau projet collaboratif est en cours entre le MAAARO et l’Université de Guelph pour suivre et surveiller les niveaux de minéraux dans un échantillon de troupeaux de bovins de boucherie en Ontario. Dans un projet semblable, des chercheurs ont suivi les niveaux de minéraux dans des troupeaux en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba et ont identifié certains écarts clés et jusqu’à 43 % des vaches échantillonnées avaient une carence en cuivre.
POURQUOI LES BOVINS ONT-ILS BESOIN DE SUPPLÉMENTS DE MINÉRAUX ?
Les bovins de boucherie dépendent sur au moins dix-sept minéraux qui sont catégorisés comme des macrominéraux et des microminéraux (également connus sous le nom d’oligominéraux).
Les macrominéraux comprennent le calcium (Ca), le magnésium (Mg), le phosphore (P), le potassium (K), le sodium (Na), le chlore (Cl) et le soufre (S) et ils sont nécessaires en quantités relativement importantes de plus de 100 parties par million (ppm). Les besoins en macrominéraux sont généralement exprimés comme un pourcentage de matière sèche (% MS) de la ration d’un animal.
Les bovins de boucherie ont également besoin de microminéraux, aussi connus comme des oligominéraux, incluant du chrome (Cr), du cobalt (Co), du cuivre (Cu), de l’iode (I), du fer (Fe), du manganèse (Mn), du sélénium (Se) et du zinc (Zn). Ces microminéraux sont requis en petites quantités et ils sont souvent exprimés sur les étiquettes comme des ppm ou des mg/kg.
Les minéraux sont requis pour plusieurs fonctions, incluant le développement squelettique, l’immunité, la production, la maintenance du système nerveux et le métabolisme en général. Plus important encore peut-être, les minéraux interagissent avec d’autres minéraux, des vitamines et des sources d’eau ou de nourriture. Ceci peut en limiter l’absorption ou la disponibilité.
La concentration de minéraux dans les fourrages et les aliments varie en fonction des facteurs relatifs au sol, aux végétaux et à la régie. Bien que les pâturages au printemps semblent luxuriants, la réalité est que très peu de pâturages – quelle que soit l’espèce végétale en question – répondent entièrement aux besoins en minéraux des vaches en lactation. Les macrominéraux, comme le calcium, le phosphore et le magnésium, et les oligominéraux, comme le cuivre et le zinc, sont en quantités limitées dans les pâturages cultivés et indigènes et par conséquent, une supplémentation est nécessaire.
De plus, lorsqu’une vache est gestante, qu’elle vêle et qu’elle tente à nouveau de devenir gestante, ses besoins en minéraux fluctuent. La supplémentation est nécessaire pour la maintenir sur la bonne voie.
Des conditions de sécheresse et la qualité de l’eau peuvent compliquer la nutrition minérale et divers facteurs qui nuisent à la qualité auront un impact sur certains minéraux et leur absorption. « Le seul vrai moyen pour déterminer si vous avez des carences en minéraux et des facteurs antagonistes est d’analyser les aliments et l’eau », explique Van Schaik.
Incorporez l’analyse des fourrages et des ingrédients des aliments dans le cadre de vos analyses d’aliments régulières. Les analyses pour identifier les niveaux de calcium et de phosphore démontreront le ratio présent dans les aliments. Le ratio de calcium et de phosphore dans une ration devrait se situer entre 2:1 et 6:1. L’analyse du niveau de magnésium, de potassium et de calcium dans les aliments est importante pour assurer que le ratio de potassium relativement au ratio combiné de calcium et de magnésium est inférieur à 2,2, ce qui préviendra la tétanie.
L’analyse des aliments est particulièrement importante lorsque les producteurs offrent des aliments de rechange, comme des cultures stressées par la sécheresse ou des fourrages de canola, ou lorsque les bovins consomment des réserves d’eau ayant une teneur élevée en matières dissoutes totales (MDT). Par exemple, une carence en cuivre est une préoccupation courante dans de nombreuses régions au Canada, mais dans une situation de sécheresse, des niveaux élevés de sulfate dans de l’eau de réserve pourraient empirer le problème en retenant le cuivre disponible. Ceci peut causer des ravages sur le plan de la reproduction, ce qui aurait pu être évité avec une supplémentation de minéraux contenant des niveaux appropriés de cuivre.
Une trop grande quantité de soufre peut entraîner la toxicité du soufre et des échantillons d’eau et d’aliments doivent être analysés afin de détecter s’il y en a. Les niveaux cumulatifs de soufre dans l’eau et les aliments doivent se situer entre 0,3 et 0,4 pour cent pour prévenir la toxicité, ce qui pourrait causer la polioencéphalomalacie.
Le molybdène retient également le cuivre, donc une analyse de fourrages pour déterminer le niveau de molybdène aidera les producteurs à comprendre s’ils ont des niveaux élevés et s’ils sont à risque d’une carence en cuivre.
TOUS LES SUPPLÉMENTS NE SONT PAS CRÉÉS ÉGAUX
Van Schaik affirme qu’il est important pour les producteurs de noter que les minéraux ont diverses formes et différents modes d’action qui ont un impact sur la « biodisponibilité » de ce minéral, qui se veut la capacité de l’animal à l’absorber. « Il est utile d’évaluer si vos besoins en minéraux bénéficient d’une biodisponibilité accrue », dit-elle, particulièrement pour une carence d’oligominéraux comme le cuivre.
Les minéraux se présentent sous deux formes principales, inorganiques ou organiques (p. ex., chélatés). La plupart des suppléments sont une combinaison de formes inorganiques et organiques et leur prix est déterminé en conséquence. Les suppléments de minéraux inorganiques sont les plus abordables, mais ils ont généralement une moins grande capacité d’absorption et ils peuvent même se décomposer dans une mangeoire avant qu’ils soient consommés. Les minéraux organiques (ou chélatés) sont liés aux protéines, aux acides organiques ou aux levures. Les suppléments contenant des minéraux organiques sont plus dispendieux, mais ils sont beaucoup plus efficaces, particulièrement si les producteurs cherchent à éliminer rapidement une carence pendant des périodes de stress.
Quelle que soit la déclaration commerciale des fournisseurs de minéraux, il n’existe aucun produit qui répondra à lui seul aux besoins de chaque ferme ou troupeau. Les besoins en minéraux changent selon les saisons (p. ex., le pâturage comparativement à l’alimentation en hiver) et si les bovins sont au stade de croissance ou d’engraissement ou en fonction de leur stade de gestation ou de lactation.
L’analyse d’échantillons sanguins d’un troupeau peut fournir un aperçu des carences actuelles en minéraux. Cependant, ce sont les analyses de biopsies du foie qui sont les plus efficaces pour détecter les niveaux d’oligominéraux à la ferme sur le long terme. |
Les producteurs qui travaillent avec un nutritionniste peuvent choisir de créer un mélange personnalisé conçu pour aborder les carences spécifiques déterminées par les analyses d’eau et d’aliments. Les vétérinaires peuvent analyser les échantillons de sang ou de foie d’un troupeau pour déterminer les besoins en minéraux uniques d’une ferme. « Un échantillon sanguin peut être utilisé comme un aperçu pour déterminer s’il y a des carences », dit Van Shaick, mais elle ajoute que certaines carences sont mieux détectées par le biais de biopsies du foie, car ces échantillons vous donnent plus d’information sur les niveaux d’oligominéraux stockés.
MÉTHODES DE SUPPLÉMENTATION
Les minéraux peuvent être offerts dans une ration complète dans laquelle les minéraux font partie d’une ration totale mélangée (RTM) ou ils peuvent être offerts sous forme de blocs, de bacs à lécher ou de minéraux en vrac. Certains produits contiennent également des suppléments de protéines et d’énergie qui auront un impact sur la consommation.
Il est idéal de donner des minéraux dans une ration complète offerte dans une mangeoire, car ceci permet un meilleur contrôle de la consommation. Les données démontrent que les vaches ayant reçu des oligominéraux dans une ration étaient six fois moins susceptibles d’avoir une carence en cuivre lors du vêlage et elles avaient un délai moins long pour retourner en chaleur comparativement aux vaches nourries d’oligominéraux à libre choix. Cette méthode nécessite plus de régie cependant. « Portez attention à des facteurs comme la consommation constante sur l’ensemble du troupeau, en assurant un espace adéquat à la mangeoire pour les vaches. Dans tout scénario de supplémentation, il est important de porter attention à d’autres facteurs pour éviter l’exposition des minéraux aux éléments comme la pluie ou le vent », explique Van Schaik.
Les rations à base de fourrages (p. ex., luzerne/herbe fourragère) nécessitent habituellement un ratio de supplémentation de calcium et de phosphore de 1:1. Les rations à base de grains, incluant l’avoine ou les fourrages verts nécessitent habituellement un ratio de supplémentation de calcium et de phosphore de 2:1 ou de 3:1. |
Ce ne sont pas tous les systèmes de production qui conviennent à la supplémentation minérale quotidienne et de nombreux troupeaux passent la majorité de leur temps à paître. Alors que la règle générale veut que les rations à base de fourrages bénéficient d’un ratio de suppléments de calcium et de phosphore de 1:1 et que les rations à base de grains (incluant les fourrages verts) bénéficient d’un ratio de suppléments de calcium et de phosphore de 2:1 ou même de 3:1, le meilleur moyen pour déterminer le ratio idéal est d’identifier le profil minéral de votre pâturage.
Du sel peut être mélangé avec des suppléments de minéraux en vrac pour accroître ou limiter la consommation. Comme les bovins apprécient le sel, il peut être un additif utile pour encourager les bovins de consommer les quantités requises de minéraux. Or, il y a des limites aux quantités de sel qu’ils consommeront, ce qui prévient également sur surconsommation. Van Schaik met en garde les producteurs lorsqu’il est question d’offrir à la fois des minéraux en vrac et du sel séparément et côte à côte. « Il y a un risque accru de réduire la consommation de minéraux si le sel est offert séparément, à côté des minéraux », explique-t-elle.
Van Schaik ajoute que l’emplacement des suppléments de minéraux est un élément clé. « Si vous faites paître vos bovins, vous voulez que vos suppléments de minéraux se trouvent près de l’endroit où les bovins se regroupent », dit-elle. « L’endroit où l’eau se trouve est un bon emplacement pour offrir des suppléments de minéraux », explique Van Schaik et elle ajoute que vous devez placer les minéraux dans un distributeur à minéraux pour qu’ils soient protégés des éléments. Des producteurs ont créé des distributeurs portatifs pour offrir des minéraux à leur troupeau ; les distributeurs sont déplacés en même temps que les bovins dans les systèmes de pâturage rotatifs. Dépendamment de la conception du distributeur, une règle générale est d’avoir un distributeur à minéraux pour chaque 30 à 40 têtes.
LISEZ L’ÉTIQUETTE ET FAITES LE CALCUL
« Il est vraiment important que les producteurs lisent les directives de l’étiquette pour assurer une consommation adéquate », dit Van Schaik. « L’étiquette fournira généralement les directives pour la consommation sur une base par tête et par jour – ceci est très important. Il peut être tentant d’ajouter un sac de minéraux à une mangeoire et de penser que le tour est joué, mais une surveillance régulière de la consommation de minéraux est vraiment importante », ajoute-t-elle.
Lorsqu’ils offrent des suppléments à libre choix, les producteurs pourraient vouloir ajuster la quantité qu’ils offrent à un moment jusqu’à ce que la consommation appropriée soit atteinte. Par exemple, offrez la quantité appropriée de minéraux tous les 2 à 3 jours plutôt qu’un approvisionnement de 2 à 3 semaines d’un coup, pour éviter les fluctuations ou la surconsommation. |
De plus, l’étiquette indiquera la quantité du type de minéral retrouvée dans le produit. Les niveaux de consommation d’oligominéraux sont habituellement exprimés en partie par million (ppm) ou en milligrammes par kilogramme (mg/kg). La question de savoir si un produit commercial répond aux besoins en minéraux d’un animal dépend de la quantité contenue dans le produit et de la quantité que l’animal doit consommer. Par exemple, un producteur pourrait examiner les étiquettes de deux suppléments de minéraux : un contient 1500 mg/kg de cuivre et l’autre contient 3000 mg/kg de cuivre. Si l’étiquette indique qu’il est attendu que les animaux consomment 80 grammes de minéraux par jour du premier supplément, ce produit fournira 120 mg de cuivre (1500 mg/kg x 0,08 kg). L’étiquette du deuxième produit indique que la consommation devrait être de 90 grammes par jour, ce qui signifie que le second supplément fournit 270 mg de cuivre.
Les suppléments de minéraux sont un moyen efficace pour assurer que les bovins de boucherie satisfont à leurs besoins et optimisent leur production, qu’ils soient nourris au pâturage ou au moyen d’une ration totale mélangée. Porter attention aux étiquettes, au type et à la biodisponibilité du produit, être conscient de facteurs antagonistes potentiels et surveiller la consommation permettra aux producteurs de fournir des macrominéraux et des microminéraux adéquats et efficaces à leur troupeau.
Apprendre plus:
- Beef Cattle Nutrition (BCRC page web)
- More Questions on Mineral Nutrition (BCRC Blog)
- Copper Deficiency Takes Heavy Toll (BCRC Blog)
- Abnormal Weather Doesn’t Grow Average Forage (BCRC Blog)
- RÉFÉRENCES:
McKinnon, J. (2019, February). Finding the right minerals for your cow-calf operation.
McKinnon, J. (2021, July). Navigating the commercial mineral market for livestock.
McKinnon, J. (2021, May) Supplementing minerals on pasture – a necessary evil!
Vitti, P. (2021, September). Feed management affects proper mineral intake.
Whelan, P. (2021, October). A closer look at your feed test.
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