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Bovins Laitiers-Bœufs: Transitionner de la Salle de Traite au Parc d’Engraissement 

Cette publication est la première partie d’une série qui explorera les occasions et les défis des veaux issus de croisements entre des bovins laitiers et des bœufs avec des perspectives provenant de la chaîne de valeur, incluant les producteurs primaires, les éleveurs de bovins d’engrais, les parcs d’engraissement et les transformateurs. 

Partout au pays, un nombre croissant de veaux issus de croisements entre des bovins laitiers et des bœufs provenant du Canada et des États-Unis apparaissent dans les parcs d’engraissement canadiens, un phénomène qui a soulevé une inquiétude compréhensible pour de nombreux éleveurs-naisseurs. L’une de ces inquiétudes est basée sur la manière dont leurs veaux d’engraissement se disputeront l’espace dans les parcs d’engraissement avec les croisements de bovins laitiers et de bœufs moins dispendieux. 

Pour cet article, « bovin laitier-bœuf » fait référence à un animal ayant une vache laitière comme mère et un taureau de boucherie comme père.

Kolk Farms dairy beef at bunk
Bovins laitiers-bœufs d’engraissement à Kolk Farms Ltd. 

Au Canada, la demande pour une production laitière plus efficace a mené à une sélection génétique intense afin d’identifier les génisses laitières de remplacement les plus productives. Grâce aux avancées dans les technologies d’insémination artificielle, la semence sexée est maintenant un outil couramment utilisé pour faire progresser cette initiative. L’utilisation de semence sexée provenant des meilleurs taureaux laitiers a permis aux producteurs de produire des génisses de remplacement optimales à partir de leurs meilleures vaches laitières. Les vaches laitières génétiquement inférieures doivent tout de même être inséminées et vêler afin de produire du lait, mais ces veaux ne sont pas retenus pour la reproduction et seront ultimement destinés à la production de veau ou de bœuf. Cependant, les veaux laitiers de races pures (quelle que soit la race) ne font pas des bovins de boucherie idéaux. 

En ce qui a trait à leur structure, un animal laitier a été reproduit de manière sélective pour miser sur la production de lait et non sur les traits de carcasse. Par le passé, un animal qui avait une génétique strictement laitière n’avait pas un aussi bon rendement dans un parc d’engraissement qu’un bœuf traditionnel. L’un des moyens pour améliorer les traits « boeufs » d’un animal laitier est de croiser des vaches laitières avec un taureau de boucherie. Ce faisant, le bovin laitier-bœuf produit sera plus tolérant aux conditions météorologiques, se développera plus rapidement, aura une meilleure efficacité alimentaire, aura besoin de moins de temps sur une ration et produira plus de bœuf qu’un animal laitier pure race.  

Ces bovins laitiers-bœufs, bien qu’ils soient améliorés sur le plan de la génétique, ne sont pas exempts de défis. La régie des veaux laitiers-bœufs est variable d’une exploitation à une autre. Toutefois, il faut mettre l’accent sur les soins en début de vie de ces veaux afin de leur donner la meilleure des chances dans le parc d’engraissement.

Leighton Kolk, Kolk Farms Ltd., Iron Springs, AB 

Leighton Kolk and his dairy-beef crossed calves in Iron Springs, Alberta
Leighton Kolk, Kolk Farms Ltd.

Il y a trois ans, Leighton Kolk a commencé à s’approvisionner de veaux issus de croisements entre des bovins laitiers et des bœufs des États-Unis et du Canada. En raison de la taille des troupeaux laitiers américains, les élevages de veaux ont été développés comme un moyen pour préparer les veaux laitiers mâles sous-évalués pour les parcs d’engraissement. Leighton dit que les élevages leur fournissent du colostrum pour trois jours (certains aussi tôt que deux heures après la naissance), suivent un protocole de vaccination, castrent et écornent les veaux avant la vente à l’âge de six mois. 

Leighton dit que leur exploitation a commencé à utiliser une base de données pour faire le suivi du rendement des bovins laitiers-bœufs d’engraissement, car « une ration avec une teneur trop élevée en énergie trop tôt dans la vie peut causer des dommages au foie et nous voulons être en mesure de surveiller ceci ». Il dit que les croisements de bovins laitiers-bœufs prennent plus de temps à engraisser (jusqu’à un an) et ils ne produisent pas toujours le même rendement qu’un bœuf. 

En raison de la saisonnalité de l’industrie bovine canadienne, il y a généralement un influx de bœufs d’engraissement traditionnels dans le marché à l’automne. Leighton affirme que ceci peut être un défi pour les parcs d’engraissement et compare ces derniers à un hôtel. « Pour faire de l’argent, un hôtel doit être au maximum de sa capacité à longueur d’année », dit-il. « Il ne peut pas dépendre uniquement sur la haute saison pour faire de bonnes affaires. Un parc d’engraissement est un scénario semblable, les bovins laitiers-bœufs d’engraissement peuvent être achetés à l’année pour remplir les enclos lorsqu’il n’y a pas énormément de bovins de boucherie disponibles ».   

Kolk Farms dairy-beef
Bovins laitiers-bœufs d’engraissement à Kolk Farms Ltd.

Selon Leighton, l’alimentation des veaux issus de croisements entre des bovins laitiers et des bœufs au Canada peut être considérée comme une solution positive pour la viabilité des secteurs laitiers et de la viande bovine. « Pour le secteur laitier, l’utilisation de ces animaux pour produire un animal d’engraissement croisé qui a un rendement supérieur à celui d’un bœuf laitier de race pure fait passer ces animaux d’un produit sous-évalué à un produit de plus grande valeur. Pour le secteur alimentaire, ces animaux étaient déjà nourris quelque part. En ajoutant la génétique des bovins de boucherie, cela améliore l’efficacité alimentaire d’une conversion alimentaire de 8:1 chez une vache holstein de race pure à une conversion alimentaire de 7:1 chez un bœuf croisé, ce qui se traduit par trois ou quatre livres d’aliments de moins chaque jour ». 

L’une des plus importantes préoccupations des éleveurs-naisseurs est que les bovins laitiers-bœufs d’engraissement croisés déplaceront les espaces dans les parcs d’engraissement pour leurs veaux. Leighton dit que dans l’ensemble, ceci n’est pas le cas. 

« Le bœuf pur est toujours plus recherché et les exploitants de parcs d’engraissement paieront davantage. Continuez à produire du bon bœuf et vous serez payé malgré tout. Le déplacement d’un animal de boucherie ne représente pas une image complète. »

– Leighton Kolk, producteur de bovins laitiers-bœufs de l’Alberta 
dairy-beef animals at feed trough
« Le bovin de boucherie de race pure ne sera jamais déplacé, mais les bovins laitiers-bœufs croisés représenteront fort probablement 20 à 30 % de notre exploitation », affirme Leighton Kolk, un producteur de l’Alberta.

Depuis 2003, le troupeau de vaches est en déclin partout en Amérique du Nord. « Nous voulons maintenir une saine industrie bovine et de conditionnement. Nous sommes un pays exportateur, nous voulons produire du bœuf nourri au grain, à valeur élevée, savoureux et juteux avec des caractéristiques de carcasse supérieures que nos clients désirent. Nous sommes excellents à faire ceci d’une manière durable au Canada. Si nous continuons à faire fonctionner ce système, nous faisons également fonctionner d’autres industries – le secteur alimentaire, la main-d’œuvre, le transport, les biocarburants, etc. Si vous ne remplacez pas la vache dans le troupeau, nous sommes en déclin, ce qui peut nous rendre moins concurrentiels ». 

Leighton dit qu’ils ont reçu quelques commentaires négatifs d’usines, car les carcasses de bovins laitiers pures races ne sont pas les mêmes que les carcasses de bovins de boucherie; les rendements peuvent être inférieurs à ceux des bovins de boucherie.  

Russ Mallard, Atlantic Beef Products Inc., Albany, Î.-P.-É. 

Atlantic Beef Products Inc. (ABPI), basée à Albany, à l’Île-du-Prince-Édouard est la seule installation de transformation du bœuf inspectée par le gouvernement fédéral dans les provinces de l’Atlantique. L’usine transforme principalement les bovins provenant des provinces de l’Atlantique, mais elle doit parfois compléter la production avec des bovins du Québec et de l’Ontario.   

Russ Mallard est le président d’ABPI, le président actuel de Boeuf Canada, le levier marketing de l’Agence canadienne de prélèvement du bœuf et le vice-président du Conseil des viandes du Canada. Selon l’expérience de Russ avec la transformation de « bovins laitiers-bœufs » à l’usine, « si les bouvillons holsteins reçoivent une ration adéquate très tôt dans leur cycle de vie, ils auront un meilleur ratio viande : os que les veaux holsteins qui ne sont pas nourris d’une ration adéquate ». 

Généralement, les holsteins de race pure n’ont pas la masse musculaire d’un bovin laitier-bœuf croisé et par conséquent, ils auront des faux-filets et des contre-filets plus maigres. Par conséquent, la viande de bœuf holstein fait l’objet d’une réduction correspondante. Les bovins laitiers-bœufs croisés sont plus musclés et ils ne font pas l’objet d’une réduction. 

Une comparaison de contre-filets de A) bovin de boucherie conventionnel B) bovin laitier-bœuf croisé et C) bovin laitier conventionnel 
A comparison of strip loins from  conventional beef, dairy-beef cross and conventional dairy
Source: Dale R. Woerner et al. 2022

Les sept premiers jours de vie d’un veau issu d’un croisement entre une vache laitière et un bovin de boucherie sont très importants pour que le veau devienne un bovin laitier-bœuf d’engraissement avec un bon rendement. Entre autres, pour assurer le succès à long terme du parc d’engraissement, il est essentiel que les veaux reçoivent du colostrum de qualité, qu’ils aient un bon usage d’antibiotiques et qu’ils aient des délais d’expédition adéquats. 

En plus de l’usine de transformation, Atlantic Beef Products exploite aussi Triple H Farms Inc, un parc d’engraissement de 800 têtes également situé à l’Î.-P.-É. Bruce Andrews, vice-président des opérations pour ABPI, supervise également le parc d’engraissement. « L’objectif du parc d’engraissement est d’approvisionner l’usine avec du bœuf lorsque des bovins locaux ne sont pas disponibles », dit Bruce. « Nous engraissons principalement des croisements de bovins laitiers-bœufs et des bovins de boucherie. Nous avons une expérience directe avec les veaux laitiers et par conséquent, nous savons qu’ils sont plus difficiles à élever, particulièrement s’ils n’obtiennent pas un bon départ avec du colostrum, des vaccins en temps opportun et le bon mélange d’aliments ». 

Un jeune veau est un terme de l’industrie utilisé pour identifier les veaux âgés de moins de 30 jours. Le jeune veau peut être issu d’une race laitière ou d’un croisement entre une vache laitière et un bœuf. 

« Nous savons qu’énormément de valeur peut être ajoutée au secteur agricole de l’Île si les veaux laitiers peuvent rester ici pour être nourris plutôt que d’être expédiés à l’extérieur de l’Île pour la production de veau », dit Bruce. « Les recettes monétaires agricoles peuvent augmenter et rester au niveau local et le fumier reste également local, ce qui est avantageux pour les producteurs de pommes de terre ». 

« À la fin de la journée, nous produisons un produit local et les clients de partout au pays adorent le bœuf de notre région », ajoute Russ. Comme le reste du Canada, le troupeau de bœuf de la région des provinces de l’Atlantique est en déclin depuis 2003. « Nourrir les veaux laitiers et les croisements de bovins laitiers-bœufs est un moyen pour assurer que l’usine puisse continuer à offrir ses services essentiels à l’industrie bovine des provinces atlantiques du Canada ». 

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