Statégies Pour le Pâturage à l'Automne et à l'Hiver: Perspective de l'Est du Canada
Note de l’éditeur : Pour soutenir les initiatives de vulgarisation actuelles et pour fournir des ressources améliorées, le Beef Cattle Research Council a renforcé sa collaboration et son offre de contenu de vulgarisation pour refléter les pratiques de production et les besoins des producteurs de bœufs de l’est du Canada. Cette publication fait partie d’une série de textes. Les suggestions, les idées et les commentaires sont toujours les bienvenus.
Alors que nous arrivons à la fin de l’été, une planification pour l’automne et les mois d’hiver est toujours du temps bien investi, particulièrement lorsque nous considérons les besoins nutritionnels du troupeau bovin. L’alimentation en hiver peut être dispendieuse et nécessiter beaucoup de main-d’œuvre.
Prolonger la saison de pâturage est un moyen pour minimiser la dépendance d’aliments entreposés et réduire les coûts de superficie et de main-d’œuvre. Ce type de système de régie peut prendre diverses formes en fonction de votre situation unique. Les cultures fourragères vivaces de réserve, les fourrages annuels (incluant les cultures de couverture), les résidus de cultures et le pâturage sur balles sont toutes des options qui peuvent fonctionner dans votre exploitation.
Les profils des producteurs suivants soulignent certains des moyens par lesquels ces stratégies ont été implantées avec succès dans l’est du Canada.
Ferme Familiale Manning – Falmouth, Nouvelle-Écosse
Culture de couverture et pâturage de maïs
La ferme familiale Manning est située près de Falmouth, en Nouvelle-Écosse, et elle est exploitée par Dean et Catherine Manning et leur famille. Ils exploitent un troupeau bovin de 80 têtes avec des saisons de vêlage réparties de la fin du printemps au début de l’automne ; ils cultivent également de grandes cultures et des légumes. Un objectif de leur ferme est de maximiser la biodiversité et la durabilité.
Un aspect de leur engagement envers la production de bœuf durable est la prolongation de leur saison de pâturage. Leurs bovins broutaient des fourrages de réserve et du maïs sur pied depuis plusieurs années et l’hiver dernier, ils ont fait l’essai du pâturage d’un mélange de cultures de couverture. Les cultures de couverture sont souvent cultivées pour des raisons agronomiques — elles retiennent le sol, améliorent l’infiltration d’eau et réduisent le ruissellement. Elles procurent également une source importante de nourriture pour le bétail et inclure des bovins dans le système peut améliorer le sol davantage.
En 2021, la culture de couverture des Manning a été ensemencée au milieu du mois d’août dans un champ de 11 acres après qu’une culture de seigle d’hiver avait été récoltée. Le mélange comprenait du seigle d’automne (36 %), du pois potager (20 %), de la vesce velue (12 %), du trèfle incarnat (10 %), du navet (5 %), du kale fourrager (5 %), du bersim (5 %), du radis Nitro (2 %), du tournesol (2 %), du Brassica hybride Vivant (2 %) et de la phacélie (1 %). Ce mélange a été choisi pour maximiser la diversité au sein du peuplement.
Cinquante génisses pleines ont été envoyées dans le champ le 2 décembre, avec un poids moyen de 1200 livres. Dean affirme qu’une semaine a été nécessaire pour que les vaches apprennent à consommer les racines des radis et des navets.
Un autre avantage du pâturage de cultures de couverture est que les cultures annuelles sont généralement de qualité supérieure que ce qui est généralement disponible dans les pâturages de réserve. « Je savais que les aliments devaient être de bonne qualité… ça ne leur dérangeait pas trop de rechercher leur nourriture dans la neige », remarque Dean. Les échantillons de fourrages montraient des niveaux de 15,5 % de protéines brutes et de 71 % de matières digestibles totales. Il y avait approximativement 7300 livres de matière sèche/acre disponibles, incluant la matière feuillue au-dessus du sol et les racines de navets et de radis. Ceci représentait approximativement trois semaines de pâturage ; le troupeau a été en mesure de paître la culture de couverture jusqu’à la fin du mois de décembre. Dean dit que les mauvaises herbes n’étaient pas une préoccupation, possiblement en raison de la période d’ensemencement.
Le pâturage du maïs est une autre occasion que les Manning utilisent pour faire paître les bovins tout au long de l’hiver. Après que les bovins avaient fini de paître les cultures de couverture l’hiver dernier, ils ont été déplacés vers une parcelle de terre où de l’ensilage de maïs avait été cultivé dans le but de permettre le pâturage en hiver.
Les vaches broutaient en bandes dans le champ et elles avaient un accès contrôlé à des rangs de maïs. L’acidose peut être une préoccupation si les vaches ont accès à trop de maïs d’un coup, car elles sélectionneront les épis et ne consommeront pas suffisamment de fibres. Pour atténuer ceci, les Manning offraient des balles de foin ainsi que du maïs sur pied — au moins la moitié de la diète totale. L’accès contrôlé permettait également une meilleure répartition du fumier et les animaux piétinaient les tiges plus uniformément. Dans les champs ayant précédemment servi pour le pâturage de maïs, l’endroit avait été réensemencé d’un mélange de fourrages et utilisé pour la récolte et le stockage de fourrages. Cette année, ils ont semé du maïs et des cultures de Brassica aux endroits où la culture de couverture avait été broutée.
Dean s’intéresse à la manière dont le pâturage en hiver affecte la qualité du sol et continue à contribuer à la durabilité de la ferme. La ferme satisfait aux normes de certification de bœuf durable, comme souligné par la Table ronde canadienne sur le bœuf durable par le biais du programme Verified Beef Production Plus. Les Manning ont reçu le prix de gérance environnementale de la Canadian Cattle Association de 2021 et le prix provincial de gérance environnementale à la ferme de la Nouvelle-Écosse en 2010.
Le Paysan Gourmand – Saint-Félix-de-Kingsey, Québec
Pâturage de fourrages de réserve, de maïs et de balles
Le Paysan Gourmand est une ferme familiale située à 20 minutes de Drummondville, au Québec, et elle est exploitée par Jacob Morin, Rosemarie Allen et leur jeune famille. Ils ont 80 paires vaches-veaux Black Angus qui paissent à longueur d’année sur leur ferme de 300 acres et leur terre agricole avoisinante. Ils produisent également des porcs élevés au pâturage et ils exploitent un jardin maraîcher. Il y a trois ans, ils ont repris la ferme familiale après avoir travaillé aux côtés des parents de Jacob.
Ils engraissent leurs bovins à la ferme et vendent la moitié de leurs produits directement aux consommateurs comme du bœuf nourri au pâturage et l’autre moitié à un détaillant à Montréal. Ils vendent aussi leurs génisses et leurs taureaux Black Angus de race pure qui ont été élevés pour les systèmes à base de pâturage. Par le passé, ils ont eu des Salers et des Simmental également, mais ils trouvent que la plus petite taille corporelle et la plus grande capacité du rumen des Angus fonctionnent bien pour leur exploitation.
Leurs motivations pour maintenir leurs bovins à l’extérieur à longueur d’année comprennent une meilleure santé animale et des marges de profit accrues en plus de la durabilité environnementale. L’étable sur leur propriété est une ancienne étable laitière « avec une ventilation terrible », dit Jason. Ils observent également des réductions de coûts en n’opérant pas leur tracteur lorsque leurs bovins broutent du maïs. Ils n’ont pas à épandre du fumier ou transporter des balles. Lors du pâturage sur balles, ils achètent principalement toutes leurs balles et les font livrer directement sur le site de pâturage. À l’occasion, lorsqu’ils font leurs propres balles, ils sélectionnent les champs se trouvant à proximité du site de pâturage pour réduire la distance de transport des balles. Cette année, ils cultivent du maïs sur le site de pâturage sur balles de l’hiver dernier, ce qui réduira ou éliminera le besoin pour du fertilisant.
Après la saison de croissance, les vaches taries broutent du pâturage de réserve avant d’être déplacées vers des résidus de maïs sur une propriété voisine. Autour de Noël jusqu’au début/milieu de février, elles sont déplacées vers du maïs sur pied et finalement, vers du pâturage sur balles jusqu’à la mi-avril, alors qu’elles sont placées sur des pâturages de vêlage. Sur les pâturages de vêlage, les vaches sont nourries de balles au sol tous les deux jours. Lorsqu’elles mettent bas, elles sont déplacées vers leur pâturage régulier, où elles broutent en rotation tout au long de la saison de croissance. La saison de vêlage dure de la fin du mois d’avril jusqu’au début du mois de juillet. Pour remédier aux problèmes causés par la boue, la famille construit une cour d’hiver à densité élevée avec une litière sur sable sur laquelle les bovins peuvent être déplacés en cas de dégel, bien qu’ils s’attendent que de bonnes rotations limiteront l’utilisation de la cour.
Cette année, ils travaillent sur l’installation de systèmes d’eau permanents pour l’hiver, sans énergie, sur l’ensemble de la ferme. Ces systèmes permettront un meilleur accès à l’eau pendant l’hiver, au cas où il n’y ait pas suffisamment de neige pour répondre aux besoins des animaux et réduiront la distance que les animaux doivent parcourir pour se rendre à l’eau. Ils veulent également commercialiser davantage de leurs bœufs directement et accroître le nombre de taureaux de reproduction vendus.
Jacob souligne l’importance d’avoir une bonne génétique de troupeau pour qu’ils broutent à longueur d’année. Il suggère que les producteurs qui achètent des taureaux devraient considérer les objectifs de leur exploitation et rechercher des taureaux provenant de fermes qui partagent les mêmes valeurs et les mêmes systèmes de production. Il encourage la visite des fermes avant d’acheter les taureaux, si possible. Il suggère également que les producteurs n’hésitent pas à réformer les vaches qui n’ont pas un bon rendement.
« Si les vaches ne performent pas, elles vous coûtent de l’argent comparativement si vous les vendiez », dit Jacob. «Elles prennent la place d’une vache qui fonctionnerait mieux pour votre situation. » Pour leur système, ils s’assurent que leurs vaches se reproduisent et mettent bas chaque année.
La météo variable est un défi pour la famille Morin, car parfois la neige arrive plus tôt que prévu ou le gel arrive plus tard. Lorsque leurs bovins broutent des résidus de maïs sur une terre agricole voisine, ils attendent que le sol soit gelé pour éviter d’endommager le champ. « Il faut être bien observateur et il faut s’adapter. Chaque année est une expérience d’apprentissage ; cela fait partie du processus », dit Jacob.
Pour plus d’information sur les options de pâturage à l’automne et à l’hiver, visitez la plus récente publication mise à jour intitulée Pâturage prolongé.
Cette publication a été développée en collaboration et avec l’expertise des employés de Perennia Food and Agriculture, en Nouvelle-Écosse.
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