Effets de la durée et de la qualité des arrêts pendant le transport sur le bien-être des bovins

Titre de Projet

Effet de la Durée et de la Qualité des Aires de Repos Sur le Comportement et le Bien-être des Bovins Transportés par Route

Des Cherchers

Karen Schwartzkopf-Genswein Ph.D. and Derek Haley Ph.D. karen.genswein@agr.gc.ca

Daniela M. Melendez (AAFC Lethbridge), Sonia Marti (IRTA, Barcelona, Spain), Derek Haley (Université de Guelph), Timothy D. Schwinghamer (AAFC Lethbridge)

Revues Scientifiques

Le Statut Code de Project
Terminé en April, 2023 ANH.06.17

CONTEXTE

Par le passé, la loi canadienne permettait aux camionneurs de transporter du bétail pendant jusqu’à 48 heures avant d’exiger une pause d’alimentation, d’eau et de repos de 5 heures. Une période de grâce de 4 heures prolongeait ce délai à 52 heures si les camionneurs pouvaient atteindre leur destination avant cela. En 2017, l’Agence canadienne d’inspection des aliments a mis à jour ses réglementations en matière de transport du bétail pour exiger une pause d’alimentation, d’eau et de repos d’une durée minimale de 8 heures après un déplacement maximal de 12 heures (très jeunes veaux) ou de 36 heures (bovins plus âgés). L’ACIA a également éliminé la période de grâce de 4 heures.  

Ces changements réglementaires ont été effectués malgré le fait qu’aucune analyse n’avait été réalisée pour déterminer si le bétail bénéficierait de pauses d’alimentation, d’eau et de repos. Outre le fait que le chargement et le déchargement sont stressants et qu’ils représentent un risque plus élevé pour des blessures, l’industrie du bœuf s’inquiétait du fait que les veaux nouvellement sevrés ne sauraient pas qu’ils doivent se reposer, manger et boire pendant ces pauses. Sinon, ces nouvelles réglementations pourraient simplement retarder leur arrivée au parc d’engraissement, les garder fatigués, affamés et assoiffés pendant plus longtemps, les stresser davantage et accroître la probabilité qu’ils deviennent malades. Sans mentionner les préoccupations en matière de biosécurité compte tenu du regroupement de bovins en provenance de nombreuses sources et d’âges différents dans ces aires de repos désignées ou le potentiel de blessures pendant le chargement et le déchargement.

Pour aborder les possibles avantages ou préoccupations concernant ces nouvelles réglementations, Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) et le Beef Cattle Research Council ont financé trois essais de recherche dans le cadre de la Grappe du bœuf afin de déterminer si des pauses d’alimentation, d’eau et de repos pendant le transport sur de longues distances auraient des bienfaits sur la santé et le bien-être des veaux. Cette recherche a été réalisée à AAC Lethbridge par les Drs Karen Schwartzkopf-Genswein et Daniela Meléndez Suárez, avec Boone Transport et Alberta Prime Transport. Les trois essais ont été publiés. 

OBJECTIFS

  • Déterminer les effets de la durée des arrêts (0, 4, 8 ou 12 h) après 12 et 36 h de transport sur des indicateurs de bien-être chez des veaux de boucherie sevrés et préconditionnés. 
  • Déterminer les effets du conditionnement, de la source (encan vs directement du ranch) et du repos (0 h vs 8 h) après 36 heures de transport sur des indicateurs de bien-être chez des veaux de boucherie sevrés. 
  • Déterminer les effets du conditionnement et du repos (0 h vs 8 h) après 20 heures de transport et la durée du transport (4 h vs 15 h) suivant le repos sur des indicateurs de bien-être chez des veaux de boucherie sevrés. 
  • Fournir des recommandations basées sur la science concernant les pratiques de régie exemplaires à l’égard du transport des veaux de boucherie.   

CE QU’ILS ONT FAIT

Dans chaque étude, un camionneur commercial a été utilisé pour transporter au moins 320 veaux de la même ferme. Dans le premier essai, des veaux préconditionnés ont été transportés pendant 12 ou 36 heures, déchargés et reposés pendant 0, 4, 8 ou 12 heures, pour ensuite être rechargés et transporté pendant 4 heures supplémentaires jusqu’au parc d’engraissement. Dans le deuxième essai, des veaux nouvellement sevrés et préconditionnés ont soit été envoyés directement au centre de recherche (directement au ranch) ou retenus pendant la nuit dans une enceinte de mise aux enchères avec des aliments et de la nourriture et relâchés dans l’enclos. Tous les veaux ont ensuite été chargés et transportés pendant 36 heures, déchargés et reposés pendant 0 ou 8 heures, pour ensuite être rechargés et transportés pendant 4 heures supplémentaires jusqu’au parc d’engraissement. Dans le troisième essai, des veaux nouvellement sevrés et préconditionnés ont été transportés pendant 20 heures, déchargés et reposés pendant 0 ou 8 heures, pour ensuite être rechargés et transportés pendant 4 ou 15 heures additionnelles vers le parc d’engraissement.  

L’équipe de recherche n’a négligé aucun détail, en évaluant les impacts de la régie du sevrage, des pratiques de commercialisation, de la durée du transport et des arrêts de repos sur la santé et le bien-être des veaux. Dans chaque essai, un grand nombre de mesures (poids, perte de poids, boiterie, comportement, température corporelle et échantillons sanguins pour évaluer le stress, le dommage musculaire et la fatigue, la déshydratation, la carence en énergie, l’inflammation, le traumatisme, l’infection et la fonction immunitaire) ont été recueillies avant chaque chargement, après chaque déchargement et au cours des quatre premières semaines dans le parc d’engraissement (avec le gain moyen quotidien, la consommation alimentaire, les aliments/gains et les traitements de santé). 

CE QU’ILS ONT APPRIS

Les résultats étaient très compliqués en raison de la quantité d’information recueillie et la manière dont les veaux réagissaient dépendait de la durée du transport et de la régie. Or, l’équipe a déterminé que les arrêts de repos dans les trois essais ne fournissaient pas d’avantages clairs pour la santé ou le bien-être des veaux pendant le transport et n’amélioraient pas la santé ou le rendement de croissance pendant le premier mois dans le parc d’engraissement. Il est inhabituel pour des chercheurs de trouver des résultats si constants lors d’expériences répétées. 

Quelques autres éléments clés se sont démarqués. Premièrement, aucun veau n’a été blessé lors de ces études. Deuxièmement, les veaux préfèrent les déplacements plus courts comparativement aux déplacements plus longs. Troisièmement, les veaux préconditionnés voyagent mieux que les veaux nouvellement sevrés. Il n’y avait pas de différences évidentes entre les veaux en provenance d’un ranch et ceux qui avaient passé la nuit dans une enceinte de mise aux enchères avec des aliments et de l’eau.   

CE QUE CELA SIGNIFIE 

Avec ces données scientifiques en main, la Canadian Cattle Association (CCA) travaille avec l’ACIA pour essayer de trouver un moyen de concentrer l’application de la réglementation sur l’esprit de la loi (p. ex., le bétail s’est-il rendu à destination en bon état) plutôt que la lettre de la loi (p. ex. le transporteur a-t-il respecté les heures avec précision ?). Pendant ce temps, les règles concernant les heures de service des camionneurs de Transport Canada ont changé, laissant les périodes de transit du bétail et les heures de service des camionneurs encore moins bien coordonnées. La CCA continuera à plaider en faveur d’orientations réglementaires visant à garantir la santé et la sécurité des camionneurs, du public et du bétail et qui évitent les désavantages concurrentiels avec d’autres secteurs tout en facilitant l’harmonisation avec les réglementations aux États-Unis. Cette recherche démontre l’importance de réglementations basées sur la science et elle continuera à permettre à la CCA et à d’autres organisations à éclairer la politique dans le futur.